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EMDR

Publié : 02 déc. 2010, 14:08
par Bubu
Intercom Santé est partenaire du séminaire sur l'EMDR

Le Républicain Lorrain du 19/11/2010 - Par Charline POULLAIN - Photo RL

Qu’est-ce que l’EMDR ?

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Cyril Tarquinio décrit ces « mouvements oculaires qui ont un effet sur la réduction de la charge émotionnelle ». Photo RL.
Les jeudi 25 et vendredi 26 novembre prochains, un séminaire sur l’EMDR réunira des professionnels très divers à l’Université de Metz. Présentation de cette thérapie.

Désensibilisation et retraitement par des mouvements oculaires. Voilà la traduction française d’EMDR. En résumé : bouger les yeux vers la gauche et vers la droite permettrait d’ingérer des traumatismes qui pourrissent la vie.

Explications avec Cyril Tarquinio, qui dirige le laboratoire de psychologie de la santé à l’Université Paul-Verlaine de Metz.

Présentation de l’EMDR

« C’est une nouvelle forme de psychothérapie découverte un peu par hasard par une psychologue californienne, Francine Shapiro. C’est une action de certains mouvements oculaires qui a un effet sur la réduction de la charge émotionnelle. Pour comprendre, il faut convoquer les neurosciences, le fonctionnement cérébral et la psychologie cognitive. On s’est rendu compte que ces mouvements oculaires existent à l’état naturel dans l’une des phases de sommeil. Ils jouent un rôle sur le recouvrement de la mémoire et la régulation émotionnelle. »

Son principe

« Ces mouvements oculaires permettent de faire revenir en mémoire des informations. Comme un accident, un traumatisme, tout revient en détail.

Le deuxième effet permet de faire évoluer ces processus, de les atténuer, de les désensibiliser. On ne perd pas la mémoire, on l’intègre.

L’EMDR accélère les choses, c’est ça qui est extraordinaire. D’une situation lourde, traumatique, on voit parfois évoluer la personne très rapidement. On observe un basculement : un recul, un regard plus distancié, plus lucide. Je cite souvent le cas d’une patiente victime d’abus sexuel de la part de son grand-père à l’âge de 6 ou 7 ans. Revenir sur cet événement a bien sûr été très douloureux. Mais, en quelques séances, elle a lâché Quel sale type ! Faire ça à un enfant… Elle portait enfin son regard de femme, d’adulte, sur cet événement alors qu’avant elle était toujours la petite fille qui ressentait la peur, même dans le présent. »

Ses détracteurs

« L’EMDR est reconnu comme l’une des thérapies les plus efficaces dans la prise en charge de traumatisme. Mais, en France, on se heurte à une idéologie arc-boutée ! Il faut penser l’EMDR de façon complémentaire. Il y a de plus en plus de prises en charge différenciées. L’EMDR ne peut répondre à tous les maux. Ça n’irait pas pour les Toc (Troubles obsessionnels compulsifs) par exemple. »
La place de l’Université de Metz

« L’Université de Metz a été l’une des premières à s’emparer de cet objet. Nous avons cinq thésards qui travaillent sur l’EMDR : sur les violences conjugales, sur la gestion du stress et des émotions, sur la prise en charge du cancer. On espère avec un DU [diplôme universitaire, ndlr] de psychotraumatisme et EMDR. »

Charline POULLAIN

Jeudi 25 novembre, à 19h, projection grand public, suivie d’un débat, à l’amphi Demange, sur le campus du Saulcy. Entrée gratuite.

Publié : 02 déc. 2010, 14:14
par Bubu
Intercom Santé est partenaire du séminaire sur l'EMDR

Le Républicain Lorrain du 21/11/2010 - Par Charline POULLAIN - Photo Anthony PICORE

L’EMDR, une thérapie qui mérite le coup d’œil

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David Servan-Schreiber : « Le mouvement des yeux comme pour réactiver le mécanisme de "digestion" du passé ». Photo Anthony PICORE
Du 25 au 26 novembre, l’université Paul-Verlaine de Metz, accueille son deuxième séminaire de recherche sur la thérapie EMDR. Entretien avec le psychiatre David Servan-Schreiber, qui dirige l’Institut français d’EMDR.

Venir à bout d’un état de stress post-traumatique, en levant les yeux au ciel ? Ce n’est pas si simple… EMDR signifie « désensibilisation et retraitement de l’information par le mouvement des yeux » (en anglais « eye movement desensitization and reprocessing »).

Explications avec par celui qui a révélé la méthode au grand public, dans son livre Guérir , et qui dirige l’Institut français d’EMDR : David Servan-Schreiber.

Vous parlez d’activation des systèmes de digestion des traumatismes. Quel est le mécanisme ?

David SERVAN-SCHREIBER : « L’idée, quand on vit une situation de traumatisme, est que le souvenir s’imprime de façon anormale. Il ne se dilue pas avec le temps. Quand quelque chose, comme un son, une odeur, ramène cette situation à l’esprit, cela provoque des réactions du souvenir. Il est bloqué. On revient à ce souvenir, comme un vétéran de la guerre. C’est comme si l’on était encore dans la situation. On a tous des souvenirs douloureux, mais ils ne laissent pas de traumatisme car l’enregistrement s’est fait normalement. Nous avons en nous un mécanisme qui digère le passé. Et bien, le mouvement des yeux agit comme si l’on arrivait à réactiver ce mécanisme de digestion. »

Vous écrivez : « Je connais peu de choses en médecine aussi impressionnantes que l’EMDR en action ».

« C’est une expérience fascinante. On voit en face de soi un allègement considérable de la personne. Un poids tombe. On voit parfois un changement en une seule séance. »

Quelle est la thérapie qui vous a le plus marqué ?

« C’est un souvenir que je décris dans Guérir. J’étais avec Médecins sans frontières au Kosovo. Un confrère m’a demandé d’aller voir deux patients d’environ 15 ans. C’était une histoire épouvantable : la ferme avait été encerclée par des miliciens serbes, le fils avait été laissé pour mort et la fille avait été violée dans sa chambre. La mère m’a dit que depuis, ils ne mangeaient plus et ne pouvaient plus dormir dans cette chambre. Nous avons fait une séance, par interprète interposé. J’étais sidéré, au bout de 20 minutes, les enfants ont dit que ces souvenirs n’avaient plus de prise sur eux. Je me suis dit que c’était impossible, qu’ils voulaient juste que je les laisse tranquilles. Et pourtant, une semaine plus tard, leur mère m’a dit que le soir même ils recommençaient à manger et même à dormir dans leur chambre. Quelque chose avait marché ! Après, j’ai appris par l’un de mes confrères que chez les enfants, ça se passait sans qu’on le voie. »

Alors pourquoi l’EMDR rencontre-t-il une telle résistance ? Pourquoi le grand public ne le connaît-il pas ?

« Pourtant, ce n’est en compétition avec rien. L’EMDR peut être utilisé en complément d’une psychothérapie. Il y a une telle souffrance dans la population que ça me révolte de voir que l’EMDR n’est pas utilisé. On se rend compte qu’il faudrait le faire avec tous les patients, en plus des méthodes habituelles. C’est pour cela que des programmes universitaires comme à Metz, où l’EMDR est enseigné en psychologie, sont si importants. Le développement passe par la formation. Metz est certainement un projet pilote. »

Propos recueillis par Charline POULLAIN.

Débat public sur l’EMDR le 25 novembre à 19 h, amphi Demange au Saulcy, à Metz.