Santé : lutter pour son souffle - Photo Julio PELAEZ
Une série d’actions de prévention est menée à Thionville depuis le début de la semaine pour lutte contre la broncho-pneumopathie chronique obstructive. Photo Julio PELAEZ
Broncho-pneumopathie chronique obstructive : la maladie qui tue le souffle - Photo Julio PELAEZLa broncho-pneumopathie chronique obstructive est la cinquième cause de décès en France. Une maladie insidieuse, chronique et évolutive qui tue quelque 13 000 personnes par an en France et 400 en Lorraine. L’association VAIR Nord-Lorraine mène actuellement une série d’actions de prévention à Thionville.
Bernadette Dalmar, présidente de l’association VAIR Nord Lorraine avec, dans ses mains, un appareil pour mesurer le souffle. Photo Julio PELAEZ
3 questions au Dr Bassegoda : « Lutter contre le tabagisme » - Par Hervé BOGGIODans le cadre de la Journée mondiale de la BPCO, l’association VAIR Nord-Lorraine organise des stands d’information, aujourd’hui et demain, à Thionville.
Sûr que ce n’est pas chose agréable de se faire souffler dans les bronches. Sauf quand ça peut nous sauver la vie, nous autres incorrigibles fumeurs. Car le tabagisme, actif et même passif, est l’un des principaux facteurs aggravants de BPCO (broncho-pneumopathie chronique obstructive). Une maladie qui est responsable de 400 décès par an et entraîne 20 000 hospitalisations. La Lorraine est par ailleurs la première région française touchée par ce fléau.
La BPCO est une maladie chronique lentement progressive. Elle est caractérisée par une diminution, non ou peu réversible, du calibre des bronches. Cette obstruction bronchique empêche peu à peu le passage de l’air et provoque l’essoufflement, d’abord à l’effort, puis progressivement pour des efforts de plus en plus minimes, et enfin une gêne respiratoire au repos. Longtemps, elle n’entraîne aucun réel handicap et n’est donc le plus souvent découverte que lorsque les dégâts sont déjà importants. La BPCO est une maladie encore trop méconnue en France, comme dans l’ensemble du monde. Elle concerne pourtant quelque trois millions de personnes dans l’Hexagone. L’une des premières causes de la méconnaissance de la BPCO tient justement à son caractère sournois et insidieux. L’Association BPCO tire aujourd’hui un signal d’alarme, elle se mobilise et rappelle que la réhabilitation respiratoire et le ré-entraînement à l’exercice sont incontournables dans la prise en charge du malade BPCO. En France, la maladie cause 16 000 décès chaque année, soit quatre fois celui des morts sur la route. Parmi les malades BPCO, 60 000 à 100 000 sont dépendants d’une oxygénothérapie de longue durée, source de contraintes et de coûts financiers. L’Organisation mondiale de la santé prévoit une croissance de la BPCO, qui pourrait, en 2020, être la troisième cause de mortalité.
Test de dépistage
Pour lutter contre la BPCO, l’association VAIR Nord Lorraine organise depuis le début de la semaine une opération de dépistage gratuite. La présidente de l’association, Bernadette Dalmar, a elle-même tenu un stand en début de semaine. Elle explique : « On propose des mesures de test, soit avec un pick-flow soit avec un néo-six. La maladie touche essentiellement les fumeurs, de l’ordre de 90 %. et le cannabis est un facteur aggravant. » Enfin, elle assure que si « la BPCO se soigne, on n’en guérit pas. On peut toutefois améliorer sa qualité de vie. Et surtout arrêter de fumer et pratiquer une activité physique régulière. »
Aussi et pour faire court, il suffit de quelques minutes pour mesurer son souffle. Et peut-être rallonger son espérance de vie de quelques années. Voilà qui mérite bien de s’y intéresser.
- • Aujourd’hui : de 10h à 17h, stand dans le hall de l’hôpital Bel-Air, à Thionville.
• Demain : de 10h à 18h, stand à la pharmacie du Lion, rue Saint-Nicolas. à Thionville.
Le Dr Yves Bassegoda est pneumologue à Thionville, il revient notamment sur la prévention de la broncho-pneumopathie chronique obstructive.
La BPCO est une maladie chronique et évolutive. Comment caractériser son niveau de gravité ?
Dr Bassegoda : « C’est un véritable fléau ! Et un problème de santé publique : 2,5 millions de personnes sont atteintes en France dont 300 000 gravement. Pour 50 000 de ces patients, la maladie atteint une forme préoccupante et on estime qu’environ 13 000 personnes en meurent chaque année. C’est la cinquième cause de décès en France. »
Comment soigne-t-on la BPCO ?
« Il existe des médicaments qui peuvent soulager les patients. Du moins tant que la limitation progressive du souffle qui caractérise la maladie – et qui n’est pas complètement réversible – n’est pas trop avancée. Ce qui est surtout souhaitable, c’est de mettre en place des moyens de prévention, attendu que la BPCO est aggravée par un certain nombre de facteurs contre lesquels on peut lutter. »
Quels sont ces facteurs ?
« Le principal est le tabagisme : il faut lutter contre le tabagisme. Pour le fumeur comme pour son entourage le tabagisme passif posant également de gros problèmes. Mais ce n’est pas le seul facteur : la lutte contre les pollutions atmosphériques est également importante, je pense par exemple aux particules fines émises par les moteurs diesel ; la prévention des bronchites et autres affections virales des bronches mais aussi la prévention des maladies professionnelles qui résultent de l’inhalation de particules, de substances chimiques ou organiques irritantes. »
Quelle est la conduite à tenir en cas de doute ?
« Quand on est en bonne santé, on ne doit pas être essoufflé ! On ne doit pas tousser, cracher ni faire dix bronchites par an ! Au moindre doute, surtout si on est fumeur, il faut consulter son médecin traitant lequel mettra en œuvre un dépistage. »
Propos recueillis par Hervé BOGGIO