Pierre Cuny : « Faites du sport ! » - Par A.T. - Photo Pierre HECKLER
Le Dr Pierre Cuny et son assistant Joëlle Nowak mènent un combat de tous les instants. La pompe à insuline a été une nouvelle étape importante pour les sportifs diabétiques. Photo Pierre HECKLER
Le chef de Pôle du CHR Metz-Thionville explique pourquoi les diabétiques doivent se dépenser.
Le sport, il connaît le Docteur Pierre Cuny ! N’a-t-il pas créé, dans sa jeunesse, un club de football (le COS Villers-lès-Nancy) et évolué en Division honneur régional ? « Maintenant, c’est course à pied ou vélo ! » Chaque jour, sa profession le rapproche de sa passion : « Le sport et le diabète forment un couple fusionnel et nécessaire ». Jolie formule.
Et, hasard professionnel, alors qu’il se trouvait en congrès à Chicago, ce grand spécialiste en endocrinologie-diabétologie-nutrition a assisté à la présentation de l’équipe cycliste Novo Nordisk, composée de 100 % d’athlètes diabétiques de type 1, à ne pas mélanger avec ceux de type 2 : « C’est comme confondre le ski de fond et le ski alpin, les deux se pratiquent sur la neige mais n’ont rien à voir ! Le type 1 est une maladie auto-immune qui atteint les jeunes. Le type 2 arrive à la maturité, souvent quand on est en surpoids… »
Cette différence, on la retrouvera dans la pratique sportive. En partant d’un postulat sans équivoque : « Le diabétique doit faire du sport, ou une activité physique ! », prévient Pierre Cuny. « D’une façon générale, cela permet de combattre les kilos de trop et l’impact psychologique se révèle important. Le sport aide à avoir une image positive de soi. »
D’ailleurs, après avoir échangé avec Pierre Cuny, fils du père (Gérard) de la gériatrie en France, l’envie vous prend de chausser les baskets… « Pour le type 1, aucune contre-indication. Il n’existe plus d’interdiction depuis 1956 ! Le premier diabétique a été accepté aux JO de Melbourne. Pour l’asthme, c’était pareil. Depuis, les nageurs Mark Spitz ( 7 médailles d’or aux JO de 1972) et Michael Phelps (18 fois l’or sur trois olympiades) ont prouvé pas mal de choses ! »
Haut niveau conseillé
Aucun interdit ? Certains parents doivent l’admettre et ranger définitivement leurs craintes au rayon des mauvais souvenirs. « Pour le type 1, tous les sports sont autorisés. Ces interdits datent de ceux que l’on avait jusque dans les années 1970. Il fut un temps où l’on mourait du diabète. Maintenant, les progrès sont tels que nous sommes dans le confort et la qualité de vie. Donc, on a droit à toutes les pratiques. Mais au préalable, il faut un diabète équilibré. J’ai des copains qui font de l’alpinisme. Il n’y a pas plus de risques que pour un autre sportif. Pour les personnes du type 2, sujettes à une fragilité cardio-vasculaire, il faut se diriger vers des disciplines comme la marche nordique, la course, le cyclisme… »
Allons plus loin… Les sports seraient-ils tous sur le même pied d’égalité face au diabète ? « Certains nous posent davantage de problèmes. Le grand stress nuit à l’équilibre du diabète. Et ce stress est plus facilement constaté en tennis, au judo, dans les sports de combat. »
Plus haut, plus vite… La devise appartient quand même pleinement aux diabétiques au sommet de leur art. « Au contraire, le haut niveau améliore le diabète. Il n’existe aucun danger sous couvert d’une relation suivie avec son médecin et d’un apport nutritionnel approprié. Quelqu’un qui fait des apnées du sommeil et s’endort au volant est bien plus dangereux qu’un diabétique équilibré. Il n’y a plus de raisons de se montrer restrictif. Nous avons les outils. »
A. T.
- A ce sujet, voir l'article "Diabétique et marathonien"