Diabète : une journée pour comprendre - Photo RL

A partir de 40 ans, il est conseillé de faire régulièrement contrôler son taux de glycémie. Photo Archives RL
Le Républicain Lorrain du 07/11/2012Entre Metz et Thionville, 20 000 cas de diabètes sont recensés. Plus de 50 000 en Moselle. Les régions du Nord de La Loire sont d’ailleurs plus touchées que celles du Sud de la France. « On constate plus de surpoids et d’obésité dans notre région », constate le Docteur Pierre Cuny, endocrinologue diabétologue au CHR Metz-Thionville.
Mener le diabète par le bout du doigt - Photo Archives Marc WIRTZ

À partir de l’âge de quarante ans, il est conseillé de faire contrôler son taux de glycémie une fois par ans. Plus l’index glycémique est corrigé rapidement, plus la maladie a des chances d’être stabilisée dès les premières années. Photo Archives Marc WIRTZ
En l’espace de vingt-cinq ans, le nombre de diabétiques en France a presque doublé et la maladie est devenue un problème de santé publique au-delà de nos frontières. Une journée mondiale est d’ailleurs prévue le 14 novembre.
On le dit insidieux et sournois. Parce que le diabète sait se faire discret et nombreux sont ceux qui ignorent en être porteurs. Décryptage d’un problème de santé publique, avec le docteur Pierre Cuny, endocrinologue diabétologue au CHR Metz-Thionville.
Combien dénombre-t-on précisément de diabétiques en France ?
Docteur Pierre CUNY : « En fait, on parle de prévalence du nombre de personnes atteintes. Actuellement, on note une prévalence de 4 %, soit quelque 2,5 millions de diabétiques de type 2 (le plus répandu, NDLR), avec de fortes disparités régionales. On constate un taux plus élevé dans les régions situées au Nord de la Loire, en particulier le Nord-Pas-de-Calais, l’Alsace et la Lorraine. »
Pourquoi ces régions plus que les autres ?
« Le diabète est dû, dans 95 % des cas, à une surcharge pondérale, voire à une obésité. Or, un lorrain sur deux est en surpoids et un sur cinq en obésité. Le surpoids affecte plutôt les classes privilégiées et l’obésité les classes en précarité. Leur augmentation parallèle ne fait que révéler un diabète latent. En Lorraine, 100 000 personnes sont concernées. Sur Thionville, on a une prévalence de 10 000 à 12 000 patients. »
Quels sont les facteurs aggravants ?
« Les personnes en surpoids présentent des risques cardio-vasculaires majeurs. De même, s’ils font de l’hypertension artérielle, cela augmente le risque par trois. Ensuite, les antécédents familiaux, la sédentarité, des infections à répétition, l’envie de boire ou d’uriner plus souvent sont autant de symptômes qui font suspecter la présence de diabète. Pendant la grossesse également, les femmes peuvent développer un diabète gestationnel, en particulier si elles donnent naissance à un bébé de plus de quatre kilos. »
On estime à 700 000 le nombre de diabétiques qui s’ignorent. Existe-t-il des formes de dépistage ?
« Je vais être très didactique et très simple. Toute personne de plus de quarante ans doit faire contrôler sa glycémie une fois par an. Pour quelqu’un en surpoids, dont le taux est supérieur à 1,26 gramme, on parle de diabète. Entre 1,10 et 1,26 gramme, il y a un risque. Ce n’est pas tant le diabète qui est grave, mais le non-traitement. À plus d’1,26 grammes, le sang devient plus collant, comme du sucre et bouche les plus petites artères. C’est ce qui entraîne des complications au niveau des yeux, des reins ou sur le bout des pieds. »
Quels traitements préconisez-vous ?
« Le premier traitement, c’est la prévention. Pratiquer une activité physique, respecter des règles d’hygiène et d’alimentation, maintenir un poids normal, réduisent les risques de 30 %. Plus on corrige rapidement sa glycémie, plus on garde cette correction en mémoire. Les premières années sont les plus importantes pour avoir des bienfaits à plus long terme. Si ces mesures ne suffisent pas, les traitements médicamenteux sont très efficaces. »