10 minutes pour sauver 1 vie : secouristes, inscrivez-vous !
« La première application qui met en liens accidentés et secouristes » : voilà comment le site internet de l’Association française de premiers répondants (créée à Thionville) définit son projet enfin concrétisé avec le soutien du Samu et des pompiers. Photo Pierre HECKLER
Un groupe d’infirmiers et pompiers bosse dessus depuis deux ans et demi. Leur application smartphone sera en service dès octobre. Elle met en réseau des secouristes pour optimiser les chances de survie des victimes d’arrêt cardiaque.
Leur cœur en a vu de toutes les couleurs. Il est surtout passé par tous les rythmes. Les initiateurs du projet « 10 minutes pour sauver 1 vie » frôlent aujourd’hui la tachycardie.
Leur application pour smartphone va enfin voir le jour le 1er octobre sur la Moselle. Celle-ci permettra de solliciter un réseau de secouristes formés, prêts à intervenir auprès d’une victime en arrêt cardiaque. L’alerte sera donnée par l’intermédiaire des numéros d’urgence (15 et 18). Le système se chargera également de localiser le défibrillateur le plus proche.
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Tout est parti d’un groupe de sapeurs-pompiers et d’infirmiers du Nord mosellan. Ensemble, ils créent l’Association française de premiers répondants (AFPR) en mars 2016. Pendant deux ans et demi, ils courent après les subventions, les partenariats, les appuis. Le concept séduit. Mais l’argent manque.
L’association lance un premier financement participatif en ligne. Sans atteindre le succès escompté. Les membres impliqués ne relâchent pas l’effort. Ils décrochent des dons, des soutiens politiques et médicaux. Ils gagnent en crédibilité, organisent cinq marches populaires en deux ans.
Le groupe initie une deuxième cagnotte accessible sur internet. Ça fonctionne mieux. Et leur rencontre avec une société parisienne, spécialisée dans la conception d’application de secourisme de proximité, les rebooste.
Après moult rebondissements, le projet se concrétise grâce à un dernier de coup de pouce financier, venu d’un fonds européen.
Comment ça va marcher ?
L’application « 10 minutes pour sauver 1 vie » boucle sa phase test. « Si les gens signalent un malaise au 15 ou au 18, l’opérateur déclenche l’application », explique Maxime Weier, membre fondateur et secrétaire de l’association AFPR.
Le profil des premiers répondants, titulaires d’un diplôme de secourisme mis à jour, sera validé par l’association avant inscription. « Ils seront ensuite dans la base de données, géolocalisables. Ils auront le choix d’intervenir ou non s’ils sont sollicités. »
À terme, l’application proposera aux volontaires de s’inscrire à des stages de formation. Un soutien psychologique sera également à disposition des secouristes du réseau. « Intervenir auprès d’une victime peut être traumatisant », relève Maxime Weier, infirmier en réanimation à Thionville.
Au fil des mois, le projet a évolué. « Une bonne nouvelle chassait une déception », se souvient Maxime. Le groupe, présidé par le Thionvillois infirmier pompier Frédéric Leybold, est resté soudé. La persévérance a payé.
« Nous voulons sensibiliser les gens. Il y a un élan pour le secourisme, c’est peut-être lié aux attentats… », relève Maxime. La société parisienne qui gère l’application a été créée par deux amis qui ont perdu des proches au Bataclan le 13 novembre 2015.
http://www.afprappli.com et sur les réseaux sociaux : AFPR
F.T. frederique.thisse@republicain-lorain.fr
Photo DR
5 à 7 % des personnes victimes de malaise cardiaque récupèrent toutes leurs capacités. La marge de progression est donc énorme.
Maxime Weier, membre fondateur et secrétaire de l’association Afpr. Le jeune homme, infirmier en réanimation à Thionville, a été convaincu d’emblée par le projet. Il sait que l’intervention d’un secouriste peut tout changer. « En Europe, certains modèles prouvent que le système collaboratif fonctionne. En Suisse, dans le canton de Fribourg, le taux de récupération des victimes en arrêt est de 35 % », illustre-t-il.