Les anciens édito
Publié : 30 mai 2010, 20:45

EDITO 05/10
LETTRE A MONSIEUR ET MADAME… (LES BONNES QUESTIONS)
J'aime écrire ! Et j'aime dire ! Mais point écrire pour ne rien dire ! Verlaine avait bien écrit Lettre à Madame. Moi, je vais écrire : lettre à Monsieur et Madame. En ajoutant le patronyme LESPATIENTS, je vais, de plus, personnaliser la chose. Je vous mets de suite à l'aise : outre mon titre (un peu pompeux) de présidente-fondatrice de mon association, l'on me nomme également dans le civil « Madame LAPATIENTE ». Il est vrai que vous et moi sommes proches parents. Parenté de fonction. Et peut-être aussi (du moins je le souhaiterais), parenté d'âme. Du moment que nous sommes « patients », et entre parenthèses, de surcroît, souvent, fort patients, nous sommes forcément, des malades potentiels - ou des malades accomplis - ou en train de le devenir ! Et de ce fait, un peu comme Mr Jourdain maniait la prose, nous manions la médecine - sans le savoir ! A l'opposé des médecins, lesquels la manient - en le sachant.
A défaut de nous prescrire des petites pilules joliment colorées, nous les avalons généralement sans trop de complexes. A défaut d'être tous hypocondriaques, et de nous trouver au moins une maladie par lettre de l'alphabet (français), bien souvent, tout au long de la vie, nous nous répétons néanmoins: « Pourquoi moi !? ». Ou : « Pourquoi pas moi !? »
Et nos questions, elles restent si souvent sans réponse. Aussi, au lieu de les poser au bon Dieu, ou à un Oracle désespérément muet, personnellement, je me suis dis : Et pourquoi donc ne pas poser nos questions existentielles directement à la source, c'est-à-dire au médecin !? Au médecin spécialiste et ou au généraliste ? Au gastro, à l'ophtalmo, au cardio, etc. ?
Là, je me suis aperçue que pour les poser d'une façon pertinente, il convenait au moins d'en connaître un minimum sur la question ! Car, voyez-vous, à la fac, pendant les cours de mathématiques et statistiques, lorsque le prof s'arrêtait dans son élan pour demander « qui n'a pas compris » ? … et que les têtes se baissaient, accablées et honteuses, et qu'aucune voix indignée ne s'écriait :
« PERSONNE, Monsieur le Prof, n'a compris votre charabia! »
Alors, le prof, paisible et rassuré, pouvait poursuivre son monologue… Tout le monde avait fait semblant d'avoir compris ! Dès lors, lui aussi pouvait bien faire semblant d'avoir été clair !
Bien sûr, pour poser les questions d'une façon pertinente, il faut déjà savoir formuler ces questions. Il faut aussi qu'elles vous viennent à l'esprit. L'autre jour, un ami m'a confié :
- Je sors de chez l'ophtalmo. Tout est bien pour moi !
- Oho ! Il a mis combien de temps à te recevoir !?
- Bah… Cinq ans ! Mais fais gaffe ! : pendant 4 ans, je ne me suis soucié de rien, ensuite j'ai demandé le RV, et j'ai attendu un an. C'est le délai !
- Ouaih…et alors !?
- Ben alors, je me suis fait engueuler !
- !?
- Pourtant je lui avais dit : Docteur, je vois bien, je n'ai pas de problèmes. Mes lunettes conviennent, c'est juste par acquit de conscience, quoi !
« C'est pour votre TENSION (GROS BÊTA !)…Pour la mesure de votre tension, Monsieur, que vous deviez venir, absolument, à votre âge ! »
Et du coup, elle m'a mesuré la tension (dans l'œil), et m'a dit : « C'est bien » !
- Et t'avais combien !?
- Qu'est-ce que j'en sais ! Cela n'a aucune importance !
- Si ! Cela A de l'importance ! Elle t'a parlé du glaucome ?
- Je ne me rappelle plus…
- Tu sais que si tu as 20 de tension dans l'oeil, c'est le début d'un glaucome ?
- Pour l'instant, je n'ai rien…
- Et si t'as un glaucome, non stabilisé, tu risques la cécité !
- Beuhhh…
- Bon, ben, écoute, moi, j'ai déniché un ophtalmo chez qui je vais me rendre au mois de mai, et dont le délai d'attente n'est que de 5 mois !
- Comment t'as fait !?
- Il exerce dans une petite (toute petite) ville. Et c'est l'opticien qui me l'a recommandé…
- Ah bon !?
- Pas vraiment recommandé, mais ça c'est passé comme ça : je me suis rendue chez l'opticien, pour lui poser quelques questions, car mon ophtalmo habituel - que je vois tous les ans, ou tous les deux ans, déteste totalement répondre à mes questions ! Dès que je commence, il se contient à grand peine pour ne pas me taper, ou me pousser en dehors de son cabinet…
Du coup, je m'en suis plainte à l'opticien, lequel m'a affirmé : « Madame, les ophtalmos, en règle très générale, répondent sèchement à nos questions, lorsque nous sommes obligés de leur en poser, parfois ! Or, nous en avons trouvé un qui y répond à présent complaisamment ! C'est merveilleux !
Vite, je pris bonne note des coordonnées, et, depuis, je suis rassurée, j'ai trouvé l'ophtalmo de mes rêves, et il me répondra ! Et figures-toi que, par hasard, dans le journal, j'ai vu mentionner son nom à propos d'une conférence qu'il a donné dans une école. Une école de grands, certes, mais pas du niveau polytechnique ! Première fois que je vois un ophtalmo donner une conférence de vulgarisation !
Cela me donne une idée, d'ailleurs, pour une future conférence « La vue, c'est la vie », ou quelque chose dans ce goût-là, tu vois… !
- Cela a à voir avec ton truc sur le Cancer !?
- Pas vraiment… Mais avec l'éducation du public. Et tu vois, ça me passionne !
Albert mange sa choucroute avec passion. Ils l'ont quand même servi un peu chichement, pour ses un mètre quatre vingt cinq ! Le connaissant comme point trop narreux, je lui cède la moitié de ma part, trop abondante. Les microbes en prime. Il accepte le tout avec un plaisir qu'il souhaiterait secret… Mais à mon œil de lynx, rien n'échappe (avec ou sans ophtalmo !!)
Et, à propos de microbes :
L'hygiène, c'est la vie. Mais point trop n'en faut !
Ou encore : le mieux est l'ennemi du bien.
Au revoir, ami lecteur, et rendez-vous, pour le prochain éditorial
La Présidente-Fondatrice de Cancer-Espoir : Simone SCHLITTER