Santé - Etude - Les Thionvilloises plus fragiles que les Françaises
La carte sanitaire dressée par le CCAS a soulevé les inquiétudes de la population présente à l’atelier santé organisé à la maison de quartier de la Côte-des-Roses. Photo Dominique STEINMETZ
Pas franchement rassurant le diagnostic santé établi par le CCAS et présenté jeudi à la maison de quartier de la Côte-des-Roses. Constat d’autant plus inquiétant que les femmes apparaissent comme étant les plus vulnérables.
Largement supérieurs aux moyennes nationales, les chiffres placent la population thionvilloise en tête des publics les plus en souffrance du pays.
Disparités entre quartiers
Arielle Viseux, chargée de mission au centre communal d’action sociale (CCAS), a détaillé une étude réalisée sur un an, en concordance avec le réseau associatif Utopia, l’Agence régionale de santé, le conseil régional et l’association Intercom 57. Pour déterminer les problèmes prioritaires à répertorier sur la carte sanitaire, il a déjà été nécessaire d’observer « ce qui se passe sur le territoire […] Et l’on remarque à Thionville, de fortes disparités entre les habitants des quartiers et du centre-ville », cadre Arielle Viseux. Regroupés en zone 1 « la plus fragile », les secteurs Bel-Air, Côte-des-Roses, Basses-Terres, La Milliaire et Prés-Saint-Pierre concentrent 44 % de population à risque (jeunes, personnes âgées et familles monoparentales). Deux fois plus qu’en Moselle. Avec un taux de chômage estimé à 74,5 %, l’accès aux soins à laCôte-des-Roses est donc fortement limité. Même si la municipalité reste plutôt bien dotée d’équipements sanitaires (deux hôpitaux, trois cliniques, vingt-quatre centres médico-sociaux et une centaine d’associations à caractère social), elle compte moitié moins d’infirmiers que le département, attirés par les sirènes luxembourgeoises.
Situation des femmes critique
Ce que confirme Pascal Bernard, conseiller régional, présent dans l’assistance. « La Lorraine forme plus d’infirmiers qu’elle n’en emploie ».
Dans les facteurs aggravants recensés, l’obésité, la consommation de tabac, d’alcool et de produits stupéfiants rendent « la situation des femmes dans les quartiers sensibles de Thionville particulièrement critique », reprend Arielle Viseux. La mortalité liée au tabac concerne 212 Thionvilloises pour 66 hommes. Quant aux pathologies mentales, elles touchent 25 % de la population à Thionville, portant le nombre de suicides des femmes sujettes à la démence à 240 (219 en moyenne en Lorraine). Point sur lequel a réagi Philippe, bénévole au centre Le Lierre. « Il y a un problème dans le traitement des urgences, le délai dans les centres médico-psychologiques (CMP) avoisine les trois mois ». Une remarque abondée par Brigitte Vaïsse, adjointe aux affaires sociales présente aux côtés des élues municipales Marie-Françoise Philippe et Christelle Lebas, siégeant au CCAS. « Nous avons un vrai souci en ce qui concerne la psychiatrie », reconnaît la première adjointe, précisant qu’un CMP ados est actuellement en projet. La dernière étape de l’étude intégrait la perception des habitants eux-mêmes. Le résultat des échanges a révélé une mauvaise appréciation générale des problèmes dans les quartiers de la zone 1, comme le parcours de soins souvent désorienté et la minimisation des affections gynécologiques par les jeunes femmes.
A. P.