
EDITO 08/11
"L'hôpital enchanté"
Ne croyez pas que je sois hermétique à la magie des contes de fées ! Surtout si le prince charmant est un médecin. Ce n'est pas parce que j'adore les statistiques que cela m'empêche, certains lundis ou mardis en soirée, de m'adonner à ma drogue préférée : rêver devant l'écran.
Dr Mamour, ou Dr House, peu importe. Encore que chez House, une certaine arrogance, si elle me semble tolérable devant ses confrères, m'indisposerait plutôt, manifestée vis à vis des patients. Parfois, l'envie me prend, bien calée dans mon fauteuil, de lui jeter les dossiers à la figure : « House, vous ne vous trompez peut-être pas de diagnostic - mais d'interlocuteur, sûrement ! » Par contre, de sa boîterie, j'en raffole. S'il le fait exprès, chapeau !
Grey's Anatomy, je déguste cela sans réserve ! Avec fascination ! Pour mieux faire accepter nos hôpitaux, il faudrait y placer nos héros, sans oublier la musique qui va avec : Alex, Owen ou Mark - et même Richard - accro au gin (ou au whisky ?), en faction à tous les étages. Avec leur vie privée, leurs étreintes, leurs échanges et leurs grincements de dents à chaque détour d'ascenseur. Des hôpitaux uniquement meublés de chirurgiens passionnés, gradés en fonction des services et de l'ancienneté. S'embrassant, baisant, s'étreignant à en perdre le souffle, souffrant mille morts, pour leur carrière, le coeur d'une patiente à remplacer dans les temps, l'opération à faire ou ne pas faire - Mark, séducteur, qui choisit, triste mais ferme, de se dévouer pour sa fille biologique nouvellement découverte, et son futur bébé, en perdant, du coup, son amie et compagne - Addison, femme chirurgien aussi séduisante qu'habile, et dont les moues gourmandes me donnent envie de croquer du chocolat - et de lui passer la main dans les cheveux - parce qu'à force de contempler les deux femmes-gays (dont Addison ne fait pas partie - elle est d'évidence hétéro...) - à force, donc, on a envie de se dire : « Et si j'essayais ? Ça n'a pas l'air si mal ! ».
Et même la volonté d'échanger leur mec contre l'espoir d'une belle opération, ça passe ! On y croit - on comprend - et on pardonne... C'est la vie ! Et les chirurgiens, là, debout, écoutant gentiment les histoires de leurs patients. Histoires un peu « cucu » parfois - simplettes, si vous préférez - mais souvent aussi dramatiques. On y croit ou on aime y croire. Bailey, au visage ingrat, trop grosse et trop petite, mais dont la belle âme irradie tant aux alentours qu'elle en fait tout oublier au passage, sauf sa beauté intérieure - Meredith, son petit visage émacié, ses yeux bridés et bleus d'esquimaude qui se serait trompée de continent, et sa « soeur siamoise », Cristina, sa soeur de coeur, toutes deux si ambitieuses, et si naturelles et humaines, qu'on est prêt à tout accepter !
Sur des airs ravageurs ou langoureux. Toniques. Déterminés. Qui vous racontent que la vie est belle, et triste, et merveilleuse, qu'il faut la vivre vite, et pleinement, qu'il faut en rire pour ne pas en pleurer, croire au bonheur, ou faire, en passant, un pied de nez au malheur. Ils vous convient à la fête pour voir Meredith mordre amoureusement dans une pomme, avec le regard du Dr Mamour posé sur elle, empli d'une tendresse sublimée par tant d'étapes et de batailles, vécues, côte à côte - ou parfois face à face. Ce regard du Dr Mamour qui voit au delà des choses, au delà de Meredith. Sûrement, son regard se pose sur la main tremblante de Richard. Richard, retombé dans son vice et ses vapeurs d'alcool, et sa main si peu sûre, si peu prête à trancher dans le vif et dans le vivant. Le regard du Dr Mamour, ambitieux ou simplement altruiste et prévoyant ? Dr Mamour qui s'avoue, honnêtement, plus ambitieux encore qu'altruiste.
On y croit. C'est comme dans la vraie vie. Ni tout blanc, ni tout noir. On pardonne. Parce que c'est dit avec subtilité, franchise. Et sur une musique qui vous transporte, alerte, dans l'ascenseur, jusqu'au septième ciel.
Il n'y a ni infirmières, ni filles de salle. Jamais personne qui ait envie de faire pipi, et pendant des heures attend « la bassine » en serrant les dents. Jamais un médecin qui toise le patient de haut ou une porte qui claque. Toujours une âme charitable pour effleurer d'une caresse les plaies de l'âme. Les chirurgiens, devant le ventre ouvert, derrière leur masque,se jettent des clins d'oeil perso, et discutent, paisibles, de leurs petites affaires, à moins de s'emballer devant un coeur qui s'arrête. L'aiguille de suture se ballade sur le ventre. Du moins le suppose-t-on. Un ventre qui n'appartient plus à personne, sauf à l'équipe, tendue ou rigolant. J'aime.
Le patient est patient - et passif - c'est son rôle. Il dort ou écoute, ou est bourré de tuyaux, ou saigne. Obéit. En prend de la graine. Se révolte parfois. Mais revient à la raison. C'est le patient-prétexte. On n'a d'ailleurs pas envie de le suivre pas à pas après qu'il ait franchi définitivement le seuil de l'hôpital, dans l'autre sens. Guéri - ou non.
Ce n'est plus un problème. On aime trop Bailey, Meredith, le Dr Mamour, Teddy, Alex, Mark, Owen, Cristina, et tous les autres, et la musique qui vous transporte, dans l'ascenseur, au septième étage du septième ciel, pour penser à autre chose !
Grey's anatomie, en ce moment, c'est le mardi soir, sur la Une.
Si vous vous sentez quelque peu frustré, ami lecteur, ou fatigué, désenchanté de certaines manigances de la vie, ou plus assez jeune pour regarder Harry Potter, alors, rendez-vous sur la Une, en soirée, le mardi.
Départ pour l'hôpital et son monde enchanté. Et je vous jure sur ce que j'ai de plus cher au monde : pendant toute une longue soirée, je vibre, j'aime, je savoure, et je veux y croire !
La Présidente-Fondatrice de Cancer-Espoir : Simone SCHLITTER